Production agricole face au changement climatique au Bénin
Les prévisions, les résultats obtenus et les mesures qui permettent d’espérer de bons rendements
A l’instar des autres pays de la sous-région, le Bénin fait face depuis un moment, aux différents phénomènes environnementaux dus au changement climatique. Sur le plan agricole, des efforts se multiplient au fil des années et laissent espérer de bons rendements dans un proche futur. Nous exposons ici , les données issues des prévisions, des résultats obtenus et des mesures prises afin d’améliorer la productivité malgré les menaces persistantes du changement climatique.
Loin des chiffres obtenus les années antérieures, les différentes études réalisées ces dernières années permettent de croire que l’agriculture béninoise à de beaux jours et des dispositions prises tiennent viscéralement compte des conditions climatiques actuelles. Les changements climatiques sont des changements aux conditions météorologiques normales dans une région sur une période. Depuis de nombreuses années, les températures sur terre augmentent de façon spectaculaire. Celui-ci se répercute sur les climats locaux à travers le monde. La météo change constamment. En l’absence de précipitations adéquates et de températures appropriées, les récoltes sont mauvaises et les pâturages deviennent stériles. Depuis l’avènement de l’actuel régime de la Rupture, des approches se multiplient afin de faire face efficacement aux nouvelles donnes et exigences induites par le changement climatique. Comme on le sait, les effets néfastes des changements climatiques comprennent notamment la fréquence croissante des phénomènes météorologiques extrêmes et des catastrophes naturelles, l’élévation du niveau de la mer, les inondations, les vagues de chaleur, les sécheresses, la désertification, les pénuries d’eau et la propagation etc. Des phénomènes qui ne sont pas du tout favorables à la bonne productivité, notamment sur le plan agricole.
Des mesures et chiffres très encourageants pour la campagne 2021-2022
Un aperçu des chiffres de la campagne agricole 2021-2022 fait retenir qu’en termes de mesures, des faits ci-après ont été observés.
– Semis précoce à la faveur des pluies enregistrées à partir du mois de mars 2021 ;
– Cumuls pluviométriques variant d’une zone à une autre ;
– Cumuls pluviométriques excédentaires dans la région du centre et dans le Nord-Est. Cependant, déficit dans les zones de Bohicon (-98.7mm) et Natitingou (-78.2mm). Toutefois, le département du Borgou et environ ont enregistré des écarts de pluie positifs ;
– Réduction significative des jours de pluie en comparaison à la moyenne. Toutes les régions du pays ont présenté des écarts négatifs allant jusqu’à (-30) à Natitingou dans la région du Nord-Ouest. Les localités du Littoral ont enregistré des jours de pluie significatifs par rapport aux autres régions ;
– Séquences sèches surtout dans le sud Bénin et des inondations à la mi-juillet-août dans certaines communes du pays ;
– Légers niveaux d’attaques observés (chenilles légionnaires notamment) maitrisés par la DPV et les Brigades phytosanitaires ;
– Bonne disponibilité saisonnière des ressources fourragères ;
– Situation sanitaire du cheptel national a été dans l’ensemble sous contrôle. Toutefois, suspicion du virus H5N1 de l’influenza aviaire sur certaines fermes au sud du pays ;
– Vaccination contre la pasteurellose bovine avec un taux de couverture estimé à 45% ;
– Poursuite des opérations d’assainissement et de réhabilitation des lacs Ahémé, Nokoué et la lagune de Porto-Novo et leurs chenaux en 2021 avec création depuis 2020 d’une brigade de surveillance des plans qui est composée de 62 agents dont 55 ont été déployés sur les plans d’eau ;
– Dégradation de l’exercice de l’activité de pêche maritime industrielle au cours de l’année 2021 à cause de la recrudescence des actes de piraterie dans le Golfe de Guinée. Selon la Multinational Maritime Center (2021), un (01) incident (attaques, actes suspects, etc.) a été répertorié dans les eaux sous juridiction du Bénin.
Les prévisions de la campagne agricole 2022-2023
Après la chute de la production observée en 2020, on note un accroissement global de 2,7% de la production agricole vivrière par rapport à la campagne 2020-2021 et la moyenne des cinq (05) dernières années. Ainsi donc, la production du coton a enregistré une hausse. Selon les résultats provisoires, la quantité de coton graine produite au cours de la campagne 2021-2022 est de 766 272,9 tonnes, ce qui dépasse celle de la campagne agricole 2020-2021 qui était de 731 057 tonnes. Il a été noté également une amélioration sensible de la production de l’ananas. La production de l’ananas a dépassé 400.000 tonnes en 2021 avec un rendement moyen 63 490 Kg à l’hectare. Toutefois, une baisse des rendements au niveau des principales cultures annuelles. Les principales cultures comme le maïs, le manioc, l’igname et le manioc ont connu des baisses par rapport à la campagne agricole 2020-2021. Des taux d’autosuffisance dans certains produits restent à améliorer. Les taux d’autosuffisance en produit halieutique, riz et viande sont respectivement de 41,4%, 27,0% et 37,2% en 2021.
Des lueurs d’espoir pour la campagne agricole 2024-2025
Au lancement officiel de la campagne agricole 2024-2025 le 19 avril 2024, le Ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche a annoncé quelques grandes ambitions pour la campagne. Ainsi donc, il est espéré au terme de la campagne agricole 2024-2025, que le Bénin devrait pouvoir renouer avec la tendance haussière de la production du coton, des vivriers, notamment du maïs. Pour cette céréale très demandée sur les plans national et régional, l’autorité a ouvertement affiché l’ambition du gouvernement : aller à au moins 2 millions 500 mille tonnes, contre 1 million 800 mille tonnes au titre de la campagne 2023-2024.
De même, pour les sous-secteurs élevage et pêche de nouvelles mesures sont inscrites et au nombre desquelles, figurent la prise en charge de la subvention de 24,4 milliards de francs permettant la mise en place à coût subventionné de 123.100 tonnes de NPK, 90.000 tonnes d’Urée et 59.400 tonnes de SSP à raison de 17.000 F le sac de 50 Kg de NPK, 15.000 F le sac de 50 Kg d’urée et 14.000 F le sac de 50 Kg de SSP au producteur ; la mise en place d’une subvention de 2 milliards de francs pour faciliter l’accès des producteurs aux semences de qualité de maïs, de riz et boutures de manioc ; l’acquisition et la mise en place à prix subventionné d’herbicides spécifiques et d’engrais spécifique ananas au profit des producteurs.
Au profit de l’élevage, il est prévu la subvention à 50% de l’insémination artificielle de 15.000 vaches avec des semences de races laitières et à viande ; la mise en place de 2.500 tonnes d’aliments bétail à prix subventionné de 45% ; la mise en place de 100 taureaux, de 100 verrats et 200 béliers à prix subventionné de 50% ; la mise en place gratuite de 66,9 tonnes de semences de légumineuses fourragères et 5.434 tonnes d’éclats de souches de graminées fourragères ; la mise en place gratuite de 2400 géniteurs de petits ruminants, de 8400 géniteurs de volailles et de 2000 géniteurs de lapins ; la mise en place de 200 000 poussins chair d’un jour à prix subventionné de 50% ; la mise en place de 202 360 doses de vaccins contre la fièvre aphteuse et la dermatose nodulaire contagieuse bovine à prix subventionné de 50% et la vaccination gratuite de 3 millions de volailles familiales contre la maladie de Newcastle.
Puis, pour le secteur de la pêche, le Ministre a annoncé la mise en place au profit des producteurs d’alevins de 160.000 larves de géniteurs importées pour améliorer la production locale de poisson TILAPIA ; la mise en place de 15 tonnes d’aliment granulé extrudé pour larves de poisson pour renforcer la capacité de production de semences et la mise en place de 1.622 tonnes d’aliments poisson subventionnés à 35% au profit des pisciculteurs.
Le maïs et le riz représentent respectivement environ 14,7% et 4,7% de la production vivrière au Bénin. Les productions de sorgho, petit mil et fonio en 2021, ont été respectivement évaluées à 133 093 tonnes, 23 456 tonnes et 4 548 tonnes contre 148 236; 27 294 et 4 382 tonnes en 2020.
Des actions qui traduisent les solutions définies pour une agriculture fructueuse face au changement climatique
Le changement climatique agit sur les rendements agricoles qui peuvent diminuer, car l’accélération du processus de croissance s’accompagne d’une moindre production de grains. De plus, l’augmentation de la température modifie la capacité des plantes à retenir et utiliser l’humidité.
Les mesures prises depuis la campagne agricole de 2020-2021 sont en parfaite adéquation avec les exigences définies dans les solutions à apporter à l’agriculture face à ce phénomène à savoir : donner une place de choix aux agriculteurs et à la ruralité, améliorer la production et les rendements alimentaires, favoriser la biodiversité, préserver la santé des sols, choisir des méthodes écologiques pour lutter contre les parasites, développer la résistance des systèmes alimentaires. Toutes ces mesures prises permettent d’espérer que le Bénin sorte la tête haute et se place au rang des pays à forte potentialité et productivité agricole en Afrique de l’Ouest. Ceci, malgré les menaces flagrantes liées au changement climatique.
Sylvestre SOSSOU