Le Bénin, pays béni par une terre fertile et un climat favorable, possède un potentiel agricole indéniable. Pourtant, malgré ces atouts, l’agriculture peine à jouer son rôle de moteur de développement et de lutte contre la pauvreté tant chanté sur les ondes. La politique agricole actuelle, en deçà des attentes, laisse citoyens et agriculteurs confrontés à la dure réalité de la faim.
Au Bénin, en dépit des aides des organisations internationales à savoir la fao, le Fida et l’Oit pour ne citer que celles-là, et les foras organisés par les dirigeants politiques au sommet de l’Etat, la pauvreté gît à temps plein. Chômage, faim, hausse tous azimuts des prix des produits agricoles et malnutrition, sont les éléments qui peignent le tableau béninois s’agissant du tissu social. Les statistiques en disent long. selon les résultats du bulletin hebdomadaire du Mvam (Mobile Vulnerability Analysis and Mapping), outil de suivi régulier des indicateurs de l’insécurité́ alimentaire au niveau des ménages, réalisé́ par le Programme alimentaire mondiale sous la supervision de la Cellule technique du suivi et appui à la gestion de la sécurité́ alimentaire (Ct-Sagsa/Maep) sur la période de Mai à Juillet 2021, 5,1 Millions de la population béninoise ont actuellement une consommation alimentaire insuffisante en raison d’une hausse notable de prix des denrées alimentaires. 63,7% de ces ménages signalent des défis liés à l’accès à l’alimentation et à la santé qui s’expliquent majoritairement par le manque d’argent, 71% de la population signalent des défis liés à l’accès financier aux marchés. A cette date, le rapport signale que la situation demeure inquiétante avec un taux de prévalence de la malnutrition qui demeure chronique. Quant à la pauvreté, elle s’est accentuée au niveau national. L’accès aux aliments reste limité pour un nombre important de ménages au Bénin. Les disponibilités alimentaires sont inégalement réparties dans le pays et à une forte incidence de pauvreté́ dans un contexte récurrent de hausse des prix des denrées alimentaires de base. Et pour cause, l’insuffisance de synergie intra sectorielle et intersectorielle dans la mise en œuvre des politiques publiques, le faible positionnement de la nutrition au niveau des ministères sectoriels, le faible niveau des politiques axées sur la formation des jeunes aux « facteurs inévitables de développement », à l’auto-emploi et le faible apport du gouvernement à la promotion de l’agriculture intensive.
En effet, du point de la formation orientée des jeunes, depuis des années, il est loisible de remarquer sur le « marché de la demande », des milliers de jeunes bons à la théorie et incapables de s’aventurer dans un domaine de créativité ou de production. À titre d’exemple, nombreux sont sur le marché de l’emploi, ces jeunes diplômés chômeurs ayant suivi leur formation en géographie et aménagement du territoire, et qui jubilent et méditent la pauvreté parce que n’ayant trouvé rien dans leur domaine de formation. La liste se fait longue par ailleurs avec ces jeunes des autres domaines de formations tels la sociologie, l’économie, la psychologie, le droit, etc. qui n’ont réussi à avoir une formation à la taille des besoins pressants du pays. Sans oublier les milliers de jeunes apprenants des collèges qui se sont déjà tracé ce chemin à la faveur des domaines de formation choisis. Pis, de conséquentes actions ne sont du moment, rationalisées pour cette aventure dramatique qui s’annonce. Quant à l’accompagnement du gouvernement vis-à-vis des collectivités agricoles, l’insuffisance règne le long de la mêlée. Le constat amer et regrettable est que les subventions faites par le gouvernement du Président Patrice Talon dans l’agriculture ne prennent pas en compte les produits consommables. C’est-à-dire les matières premières comme le riz, le maïs, le manioc… plutôt le coton et le soja. Et à cause de la pratique archaïque, les agriculteurs se contentent d’une petite production », constate Armandine Kédénon, détentrice de DEAT en agriculture. En claire, les travailleurs de la terre ne font que se contenter du peu pouvant leur permettre de survivre.
Pourquoi l’éducation agricole comme arme pour vaincre la faim ?
Il n’est plus un secret de couvent, le fait que les citoyens béninois ne mangent réellement pas à leur faim quand bien même le pays dispose de terres innombrables et inexploitées. Faut-il recourir à la magie pour inverser la tendance ? Non, la solution réside dans une volonté collective, portée par le peuple et le gouvernement. En réalité, si des pays sont arrivés à se développer sans de ressources minières, le Bénin qui n’en compte non plus, a toutes les chances de réussite voir de développement tant chanté.
Primo, les atouts naturels tels les terres arables, les cours d’eau existants, sont des opportunités. Secundo, à considérer que les milliers de jeunes qui côtoient le chômage pour ne dire la pauvreté avaient reçu une formation pratique sur les grands besoins du moment, un instant, la pauvreté ne siègerait pas pour autant. Pour ainsi dire, le système éducatif semble produire des Hommes à répéter que d’Hommes à bâtir et à expérimenter. Mieux, si dans un temps récent, le Bénin s’est taillé une bonne place en matière de la culture du palmier à huile, du coton, du soja, de l’ananas, ne serait-il pas heureux qu’un accompagnement et un suivi plus efficaces soient apportés aux producteurs qu’aux bureaucrates cloîtrés dans les bureaux à ne rien faire ? Investir dans la formation agricole en mobilisant les jeunes vers l’agriculture ne serait-elle pas une nécessité pour assurer la sécurité alimentaire et créer des emplois ? Pour dire que le Bénin a toutes les cartes en main pour devenir un moteur agricole majeur de l’Afrique de l’Ouest. En misant sur la formation, la mobilisation des jeunes et l’exploitation des marchés régionaux, le pays peut non seulement nourrir son peuple, mais aussi contribuer à la prospérité de l’ensemble de la sous-région.
Par Pancrasse Gandaho