Reconnaissances pour une Congolaise d’exception : La presse africaine salue les mérites Marie-José SOMBO
Dans une récente tribune signée des mains du Congolais Anancone DJEMB, il a été évoqué quelques raisons qui militent en faveur de la citoyenne congolaise Marie-José SOMBO pour sa décoration à titre posthume en guise de reconnaissance de ses mérites.
Des recherches plus approfondies sur le sujet confirment bien la nécessité de ce devoir de mémoire.
En effet, d’une part, dans le Numéro 54 de juin 2020 à la page 6, la célèbre revue Mémoires du Congo éditée par l’Association qui porte le même nom et dont l’objectif est de pérenniser l’histoire que la Belgique partage avec le Congo, le Rwanda et le Burundi, Marie-José SOMBO est présentée comme » l’unique journaliste noire de son temps ».
En substance, ladite revue écrit : « Marie-José SOMBO, rédactrice au Journal L’Avenir, célèbre quotidien de Kinshasa et jusqu’alors l’unique journaliste noire de son temps – ne comprend pas qu’aucune Ève Noire n’ait été invitée à faire partie d’une délégation de visiteurs ». C’était à Bruxelles en Belgique courant avril-mai 1956.
Comme mentionné dans d’autres publications notamment la correspondance particulière de Congolais Anancone DJEMB ou les écrits documentés des journaux comme » Le Coopérant », » Visages du Bénin », 24 Heures, ou encore « Les 4 vérités »…, Marie-José SOMBO se révèle effectivement comme la toute première femme journaliste noire des années 50.
D’autre part, et pour confirmer si besoin en est encore, la contribution de cette pionnière de la presse Congolaise, dans un article publié par le journaliste congolais Patrick NDUNGIDI, le 30 juin 2024 sur le site Web africanshapers.com, il a été fait le point des femmes congolaises qui ont joué une grande partition pour l’émergence du Congo précolonial.
Dans cette short-liste illustrée et documentée, on retrouve, une fois de plus à la première place, Marie-José SOMBO.
Le paragraphe que lui consacre Patrick NDUNGIDI, est sous-titré : Marie-José SOMBO, « une Ève noire ». Et dans les lignes suivantes, on peut lire : « … Marie-José SOMBO était déjà speakerine à radio Léopoldville à l’âge de 16 ans. Quelques années plus tard, elle deviendra rédactrice du journal congolais « L’Avenir », l’unique femme journaliste noire de cette époque. Au cours de cette période, ce journal publie, chaque jeudi, un supplément dénommé « Actualités africaines ». Le comité de rédaction est composé notamment des journalistes Jean-Jacques Kande, Antoine-Roger Bolamba, Gabriel Makoso, Philippe Kanza, André Genge et Marie-José Sombo. Auteure de chroniques féministes avant-gardistes… ».
Les mérites de Marie-José SOMBO d’après son Formateur et époux Élisio da SILVA
Qui d’autres mieux qu’Élisio da SILVA peut détailler et préciser l’engagement et le dévouement de Marie-José SOMBO à l’émergence du Congo peu avant les Indépendances ?
Dans un document édité en mars 2023 et rendu public à l’occasion des dix ans de décès de celle qui fut sa première épouse, Élisio da SILVA écrit : « C’est en 1951, alors que j’avais à peine 21 ans et étais établi à Brazzaville, qu’au cours d’un séjour à Léopoldville (actuelle Kinshasa), je fis la connaissance d’une belle jeune fille âgée alors de 16 ans environ. Elle était déjà speakerine à Radio Léopoldville au Congo ex-Belge. Elle s’appelait Marie-José… Ainsi quand je créai Publafric (dépliant publicitaire) et le journal Échos congolais » dont je fus naturellement le rédacteur en chef, j’eus à l’initier au métier de journalisme…. Il n’est pas étonnant, que des années après, Marie-José SOMBO, épouse Élisio da SILVA, devenue rédactrice du journal congolais « L’Avenir » soit l’unique journaliste noire de son temps et de son État… Avant mon départ, j’eus également l’occasion d’initier mon épouse au métier de composition de chanson en langue locale « le lingala ». Ainsi avec et pour le célèbre musicien congolais Joseph KABASSELE, j’écrivais en langue française des chansons que Marie-José, mon épouse, traduisait en langue locale « le lingala ». Je dois dire qu’ici aussi, elle fit preuve de beaucoup de créativité et d’intelligence. Elle eut ainsi à composer avec beaucoup d’affection un morceau pour la copine de mon cousin Isaac PARAÏSO, qui s’était joint à nous, qui eut beaucoup de succès. Ainsi le prénom de Félicité et le nom PARAÏSO devinrent, sous la plume de ma dulcinée, le diminutif affectueux « Parafifi” qui entra dans une chanson qui fit le tour du monde avec un grand succès au profit d’une entreprise occidentale… »
Le Maître-Formateur de Marie-José SOMBO ajoutera : « Sa curiosité, sa soif de connaissance en feront une grande dame de l’intelligentsia de son pays. Bien qu’elle ne soit pas une universitaire ayant fréquenté les grandes écoles, elle participera à un niveau très élevé à la vie politique du Congo aux côtés des héros de l’indépendance puis au Zaïre pour la construction de son pays. Elle eut beaucoup de succès et bien des faits et de témoignages le prouvent. Elle fit l’admiration de bien d’intellectuels tels que Thomas KANZA que j’ai personnellement reçu à Porto-Novo, Ancien et premier représentant du Gouvernement Lumumba aux Nations-Unies, puis Ambassadeur dans plusieurs pays occidentaux et autres ».
Il importe de souligner que selon de nombreux témoignages concordants, sous la houlette de son époux Élisio da SILVA, Marie-José SOMBO naturellement éveillée très curieuse et disposée à apprendre devient très vite, une femme exceptionnelle, une news-femme hors du commun qui s’est vite fait remarquer dans les milieux politiques du pays. Grâce à sa quête permanente de ‘’clarification’’ sur les grands enjeux politiques et économiques de son pays, elle a effectué de nombreux voyages professionnels où elle a toujours su porter haut la voix féminine sur les grandes questions sur l’Afrique.
On le voit bien : Observateurs, Analystes et Historiens s’accordent pour reconnaître que parmi les femmes congolaises pionnières qui ont contribué à l’émergence d’une intelligentsia congolaise et partant à l’indépendance de ce pays, figure en pole position, Marie-José SOMBO, première femme journaliste de l’Afrique Noire d’avant 1960.
Le courage, la détermination et les prouesses de cette compatriote d’exception qui n’a pas hésité à s’exposer et travailler pour sa Nation à une époque où le racisme et l’anti féminisme étaient ambiants au Congo-Belge, ne devraient pas être occultés.
La Grande Chancellerie de la République Démocratique du Congo sous la Présidence de son Excellence Félix TCHISÉKÉDI, s’acquitterait d’un agréable devoir en décorant Marie-José SOMBO, à titre posthume, afin d’inspirer ou de fournir un exemple aux générations montantes de la gent féminine Congolaise, voire africaine.
Par Koyakamalamu EKWA